Alors que les troupeaux commencent à monter à l’alpage, un loup a été aperçu dans les rues de Monthey (VS). Le grand canidé déchaîne les passions en Suisse romande et jusqu’à la Berne fédérale. Les autorités cantonales, elles, tentent de rassurer et de rationaliser au milieu de débats parfois très émotionnels.
Le grand prédateur avait disparu de nos contrées pendant 150 ans. Mais depuis une quinzaine d’années, le loup a fait son retour en Suisse, pour le plus grand plaisir de ses défenseurs et au grand dam des éleveurs qui redoutent ses attaques.
Récemment, c’est à Monthey, en Valais, qu’un grand canidé aurait été aperçu, comme le relatait 24 heures le 23 mai dernier. Les autorités ont reconnu qu’il s’agissait «très probablement d’un loup».
Un loup errerait en plein jour dans une ville romande
Dans le même temps, à Fribourg, les députés UDC Eric Barras et Ivan Thévoz, tous deux agriculteurs, ont interpellé le Conseil d’Etat au sujet de la présence du mammifère:
«L’attaque du loup sur l’homme en terre fribourgeoise? Qu’une question de temps! Nos autorités sont-elles responsables de négligence en cas d’attaque sur l’homme?»
– Eric Barras et Ivan Thévoz, députés UDC fribourgeois. –
Ivan Thévoz avait déjà déposé en mars une pétition demandant l’autorisation de tirer le grand canidé dans la Broye. L’an dernier, quinze animaux de rente y ont été tués par le loup M212.
Vendredi, comme s’il avait été entendu, le Conseil fédéral a indiqué que les loups pourront être abattus plus facilement (tous les détails, ici👇). Il a adopté une révision partielle de l’ordonnance sur la chasse qui abaisse à partir du 1ᵉʳ juillet les «seuils de dommages» autorisant un tir de loup.
Le Conseil fédéral a décidé qu’il sera plus facile de tuer des loups
Avant cela, le mardi 30 mai, c’est le PLR Vaud qui est monté au créneau face aux mesures dévoilées par le canton dans son «plan loup» qui vise notamment à «favoriser la coexistence entre les activités pastorales et le grand carnivore». Elles sont jugées insuffisantes: les libéraux-radicaux ont ainsi déposé plusieurs interventions au niveau fédéral et cantonal, alors que les troupeaux commencent ces jours à monter à l’alpage. Le Conseil fédéral devrait répondre à ces interpellations la semaine prochaine.
Le loup, un jour en ville?
Face aux témoins de plus en plus nombreux assurant avoir vu l’animal et aux éleveurs inquiets pour leurs cheptels, faut-il prendre de nouvelles mesures, aller plus loin, comme le demande le PLR Vaud, que le fameux «plan loup»? Faut-il, comme à Monthey, craindre des incursions jusque dans les plus grandes villes, comme à Lausanne ou ses abords?
Comme le rappelle la direction générale vaudoise de l’Environnement (DGE) interrogée par watson, les loups sont des animaux qui évitent, en temps normal, les êtres humains et se tiennent dans des milieux naturels:
«Le loup ne craint, en revanche, pas les structures construites ou occupées par des humains et il peut donc arriver des rencontres avec des loups de manière fortuite»
Doit-on redouter des attaques de loups sur les animaux domestiques, comme les chiens lors des balades en forêt ou les chats qui se promènent en liberté dans les régions où le prédateur est réapparu? A Monthey, selon une habitante citée par 24 heures, le loup aperçu fin mai s’est fait courser par un chat du quartier, pas impressionné pour un sou.
Interpellé par watson sur la question, l’Etat de Vaud rappelle qu’il s’engage à verser aux éleveurs des indemnités à hauteur de 600 francs pour chaque prédation subie «si tout laisse à penser qu’elle est l’œuvre d’un loup», comme le prévoit son «plan loup», mais souligne toutefois que la mesure ne s’applique pas aux animaux domestiques qui pourraient être blessés ou tués par le grand canidé:
«Les animaux sauvages n’appartenant à personne, nul ne peut être tenu responsable d’une attaque. Les indemnisations cantonales ne sont prévues que pour les animaux de rente»
Même si le canidé est désormais présent sur une grande partie du territoire, la direction générale vaudoise de l’Environnement se veut rassurante. Elle précise que les loups ne sont pas près d’errer en ville et de remplacer les renards qui fouillent parfois les poubelles au petit matin. «C’est très peu probable qu’une telle situation se présente.»
Que faire si on croise un loup?
Les autorités vaudoises rappellent qu’il faut, en cas de rencontre avec le loup, le signaler au surveillant de la faune. Quelques recommandations: – Rester calme et garder de la distance. – Tenir son chien en laisse. – Se retirer lentement, sans courir. – Si le loup ne s’en va pas, parler fort ou taper des mains. – S’il s’approche tout de même, s’arrêter, crier, se faire le plus grand possible, essayer de l’intimider, lui jeter éventuellement un objet, tout en lui laissant de la place pour qu’il puisse fuir. Des recommandations plus complètes concernant le comportement à adopter en cas de rencontre avec un loup sont publiées sur ce site. |
Des conseils? Par ici 👇
Voici comment réagir si vous rencontrez un loup en randonnée
Un plan loup vaudois «plus ambitieux»?
Mais que répondent les autorités face à l’inquiétude montante des éleveurs, relayées par les députés PLR? Si le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos, chef du Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité, salue la tenue de discussions sur le sujet, il rappelle qu’il faut savoir mettre l’émotionnel de côté pour avancer:
«Je me réjouis que les députés contribuent au débat sur la gestion du loup et rappelle que les équilibres à trouver pour permettre une cohabitation entre le loup et les activités humaines nécessitent une approche rationnelle et dépassionnée pour produire les meilleurs résultats. C’est dans cet esprit que le plan d’action adopté par le Conseil d’Etat a été développé.»
– Vassilis Venizelos, conseiller d’Etat vaudois. –
Dans sa feuille de route, le canton sait, toutefois, que les mesures du «plan loup» ne satisferont pas tout le monde. Il le précise par ailleurs en préambule de son texte: «La marge de manœuvre donnée aux cantons devant évoluer avec la révision partielle de la Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP), le plan d’action sera revu l’année prochaine. Ainsi, cette année 2023 constitue une période transitoire en matière de gestion du loup».
On sait combien il y a de loups en Valais et ce qu’ils y font
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