«C’est la guerre!» Et si Macron en profitait?

«C’est la guerre!» Et si Macron en profitait?

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Dans la rue et sur les réseaux sociaux, les appels à «la guerre» et à «tout cramer» suite au rejet, lundi soir, des deux motions de censure contre le gouvernement, pourraient tourner à l’avantage du président de la République. Pour autant qu’il trouve les mots, vite et bien, pour éteindre des violences urbaines que la Nupes semble peu motivée à contenir.

«A 9 voix près! C’est la guerre!»

Les mots comptent. D’autant plus lorsqu’une véritable guerre décime une population depuis plus d’un an en Ukraine. Cette «guerre», c’est en France qu’elle se mène. Du moins par l’intermédiaire d’une réthorique agressive qui a surgit sur Twitter, lorsque les deux motions de censure contre le gouvernement ont échoué (de peu) lundi soir.

Le gouvernement Macron n’est pas tombé, mais la tension monte d’un cran

Dans la foulée du vote, la présidente de l’Assemblée nationale a appelé «à l’apaisement». Yaël Braun-Pivet parlait évidemment de l’ambiance explosive qui régnait dans l’hémicycle. Pourtant, dehors, dans des rues de Paris étouffées par les affrontements depuis plusieurs jours, ce fut l’appel, officiellement, à ne «pas abandonner». Ni le raz-le-bol, ni la colère, ni la bataille. Au point qu’une vague de Français, épris de rage, ont appelé, lundi soir, à intensifier le chaos. Les poubelles et les algorithmes ont littéralement pris feu.

Sur Twitter, les tendances «c’est la guerre» et «tout cramer» ont volé la vedette à toute idée de contestations organisées. Aidés d’image, de vidéos, de références aux armes et à quelques grands conflits de l’Histoire qui laisse peu de doutes sur le ton des prochaines mobilisations.

En français dans le texte, passer du «conflit» à la «guerre» sociale n’est pas anodin. Lundi après-midi, dans un hémicycle qui s’est carrément vidé des élus de la Nupes au moment de sa prise de parole, Elisabeth Borne s’est elle aussi emparée d’un lexique rare en démocratie.

«Le 49.3 n’est pas l’invention d’un dictateur»

– Elisabeth Borne –

Une violence double

Durant les interminables «discussions» parlementaires portant sur la réforme des retraites, les députés de la Nupes n’ont pas lésiné sur les efforts physiques pour contrer le pouvoir. Les pupitres, les insultes, les menaces, les stylos, les gestes obscènes et les hurlements ont volé pendant plusieurs semaines, empêchant tout débat de s’ancrer dans le gras du dossier. L’anthropologue français Alain Bertho nous disait, vendredi dernier, au bout du fil, «que l’on passe de la politique du mot à celle du corps, quand on commence à prendre des risques physiques. Quand la peur disparaît.»

Si la peur a effectivement quitté quelques grappes de manifestants et une grosse poignée d’élus, la grande majorité des Français pourraient bien se surprendre à la ressentir. A mesures que les rues du pays s’enflamment, au propre comme au figuré, cette violence improductive deviendra indigeste pour des citoyens qui, pourtant, sont plus de 90% à s’être affirmés en pétard contre la réforme, mais également contre Emmanuel Macron. Les jeunes, notamment, qui n’ont pas (du tout) digéré le passage en force, créant les prémices d’une «génération 49.3» qui pourrait faire date.

Macron devra s’exprimer

Vouloir déboulonner un gouvernement avec des outils constitutionnels est une chose. Appeler à «décapiter» le président et Elisabeth Borne ou à «tout cramer» en est une autre.

A ce petit jeu, tout le monde, aujourd’hui, peut plaider coupable. Par leurs façons impulsives, puériles, révolutionnaires et menaçantes de vouloir faire taire le pouvoir et motiver ses troupes, les députés LFI (en tête) ont empêché les Français de pouvoir se soucier de leur retraite avec suffisamment de crédibilité. Et personne, à gauche, n’appelle à réfréner les appels à l’affrontement. De son côté, en ne parvenant pas à tenir ses agents de police qui ont parfois accumulé les accès de violences gratuites dans les rues de Paris, Emmanuel Macron affiche plus que jamais un autoritarisme qui le dessert.

Dès mardi, le président va réunir sa garde rapprochée, les élus de la majorité et ses ministres pour digérer la sidération suite aux deux motions de censure évitées de peu et réajuster quelques tirs. Qu’il continue sans broncher à imposer ses réformes impopulaires où qu’il verse quelques gouttes d’eau dans un vin que les Français n’ont plus envie de boire, Emmanuel Macron va devoir s’exprimer. Vite et bien.

Quitte à mettre cette réforme des retraites sur pause, le temps de récurer les canaux du dialogue. S’il parvient à insuffler un certain retour à la raison, en annonçant avoir entendu la rage des citoyens contre le passage en force, le chaos actuel pourrait tourner à son avantage. Surtout si la Nupes continue de souffler sur les braises.

D’autant que, dans quelques semaines, c’est la loi sur l’immigration qui chiffonne à gauche comme à droite et occupera les députés, les esprits… et probablement la rue.

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