Les femmes victimes de violences domestiques ne sont jamais totalement en sécurité, même dans les refuges qui leur sont réservés, comme le montre un cas survenu en Allemagne. Les nouvelles technologies permettent aux agresseurs de terroriser et traquer leurs victimes.
Un meurtre en Allemagne montre à quel point les ex-partenaires violents peuvent facilement traquer leurs victimes par la voie numérique. Le journal «Südkurier» rapporte ainsi un crime de sang qui s’est produit en octobre dernier dans le nord du pays.
Après une série d’actes de violence domestique, une femme a fui son mari en septembre 2022, quittant sa Saxe natale pour parcourir environ 600 kilomètres et se réfugier dans un foyer pour femmes dans la ville de Singen, dans le sud de l’Allemagne.
Rapidement, son époux violent l’a retrouvée à la frontière suisse. La direction de la maison d’accueil pour femmes de Singen a alors emmené la femme dans le Land du Schleswig-Holstein, à 1000 kilomètres de là. Quelques semaines plus tard, la victime est morte. Assassinée par son mari d’une balle dans la tête en pleine rue, sous les yeux de son fils.
Mais comment le criminel a-t-il pu retrouver son ex-partenaire, malgré l’éloignement géographique et les nombreuses mesures de sécurité? L’enquête du «Südkurier» suggère que cette dernière était traquée numériquement.
Les maisons d’accueil suisses également
Dans les structures helvétiques également, les nouvelles technologies posent régulièrement des problèmes. Marlies Haller, membre du comité de l’organisation faîtière des maisons d’accueil pour femmes en Suisse et au Liechtenstein (DOA), confirme que toute communication numérique représente un risque pour les femmes victimes de violence.
«Avant qu’une femme ne vienne dans une maison d’accueil, nous la conseillons. Il est important de rendre impossible la localisation sur le smartphone et sur les applications», explique-t-elle. En outre, il est important d’être prudent avec les messages publiés sur les réseaux sociaux et de changer son adresse e-mail et son mot de passe.
Il faut être vigilant dès la première prise de contact avec les femmes concernées. «Nous appelons toujours anonymement les femmes qui s’adressent à nous et les conseillons. Un simple historique de recherche sur Google peut déjà conduire à une escalade de la violence domestique, si l’homme constate que sa partenaire recherche des termes tels que ‘maison d’accueil pour femmes’», note Marlies Haller.
Mais au quotidien, il est souvent difficile de mettre en œuvre ces recommandations. D’autre part, il existe des moyens encore plus perfides d’obtenir les données de localisation d’une victime potentielle: «Avec les trackers GPS, il est facile de déterminer l’emplacement d’une femme ou d’un enfant victime de violence.» Les accompagnants sont, certes, formés dans ce domaine, mais ils sont en retard sur l’évolution rapide de la situation.
Le danger se cache dans la poche
La police cantonale zurichoise est également au courant de ce phénomène, comme l’explique son porte-parole, Florian Frei, interrogé par Blick: «Le sujet est discuté dans les maisons d’accueil pour femmes et au sein de la police. Chaque fois que nous surfons sur Internet, nous y laissons des traces numériques. Dans ce contexte, le smartphone est sans doute la plus grande source de danger. Nous le portons sur nous tous les jours.»
Or, nous sommes rarement au courant des informations qui sont collectées et diffusées. «Dans une telle situation, il est recommandé d’avoir un usage conscient des applications et des réseaux sociaux. Dans le pire des cas, il faudrait changer de téléphone portable ainsi que modifier tous les mots de passe», poursuit le porte-parole de la police.
Mais même ces mesures ne garantissent pas une sécurité absolue. «Le matériel de tracking qui envoie des données GPS représente également une menace pour les personnes visées, car il peut être caché sans problème et de manière discrète», avertit encore le communiquant des forces de l’ordre zurichoises.