Après une édition (2021) annulée et une autre (2022) décalée à cause du Covid, Rio de Janeiro retrouve, ce vendredi, la folie de son carnaval, au rythme de la samba.
La folie du carnaval de Rio de Janeiro reprend ses droits à partir de ce vendredi, avec un vent d’optimisme après la fin des restrictions du Covid et le changement de gouvernement au Brésil. Les rues sont déjà pleines depuis le week-end dernier, avec les cortèges musicaux des blocos, tandis que les écoles de samba peaufinent les derniers détails de leurs somptueux défilés, qui auront lieu les nuits de dimanche et lundi.
Le spectacle s’annonce grandiose, avec des chars monumentaux hauts comme des immeubles de plusieurs étages et des milliers de danseurs costumés des écoles qui défilent tour à tour au sambodrome, jusqu’au lever du jour. «Nous donnons toujours le meilleur de nous-mêmes, nous ne comptons pas nos heures, même la nuit, juste pour voir les gens heureux», dit Rogerio Sampaio, qui a passé les derniers mois à confectionner des costumes pour l’école Viradouro, dans un hangar du centre-ville.
Cette année, les défilés au sambodrome auront bien lieu juste avant le mercredi des Cendres, comme le veut la tradition. Ils avaient été reportés de deux mois l’an dernier, en avril, en raison d’une hausse des cas de Covid. Et en 2021, le carnaval avait été tout bonnement annulé en raison de la pandémie.
Sans Covid, sans Bolsonaro
L’édition de cette année est la première sans restrictions dues au Covid, mais aussi la première depuis le retour au pouvoir du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a battu son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro à l’élection d’octobre.
«Après ces moments de ténèbres, le Brésil doit réaffirmer ce qu’il a de meilleur.»
Les festivités ont officiellement commencé ce vendredi, au moment où le maire Eduardo Paes a remis les clés de la ville au Roi Momo, monarque jovial qui symbolise la folie d’une fête où (presque) tous les excès sont permis.
Le sambodrome doit accueillir 100’000 personnes chaque nuit, entre les 70’000 spectateurs et les personnes qui défilent pour les douze écoles de samba en lice pour le grand concours du carnaval. Chaque formation a entre 60 et 70 minutes pour défiler sur l’avenue Marques de Sapucai, une rue d’environ 700 mètres entourée de tribunes. Les écoles vont devoir séduire le public, mais aussi les jurés, qui les noteront sur des critères comme le thème du défilé, les percussions ou la qualité des chars et des costumes.
Racines africaines en valeur
Lors des dernières éditions, certains défilés ont critiqué de façon plus ou moins explicite le gouvernement Bolsonaro (2019-2022), accusé entre autres de discriminer les minorités et de sacrifier les budgets de la culture. Cette année, plusieurs écoles ont choisi de mettre en valeur les racines africaines du Brésil, les figures emblématiques de la samba ou les traditions culturelles des régions pauvres du nord-est.
«Le carnaval est le miroir du Brésil», a déclaré Leandro Vieira, directeur artistique de l’école Imperatriz, au magazine «Veja». «Après ces moments de ténèbres, autant dans la culture populaire que dans la politique, le Brésil doit réaffirmer ce qu’il a de meilleur. Le choix des thèmes n’est pas une coïncidence, c’est la lumière après les ténèbres.»