Loïc Meillard, passé à côté de son combiné, félicite Alexis Pinturault, le nouveau champion du monde de la discipline.

Cynique ou discret, le favoritisme est la norme dans le ski alpin

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Les petites manoeuvres pour favoriser ses protégés ne datent pas d’hier dans le milieu du ski alpin. Dernier exemple, Alexis Pinturault qui aurait été aidé par le comité d’organisation de «sa» station.

Quelques voix se sont élevées contre de la formule du combiné choisie par les organisateurs pour lancer ces Mondiaux. La raison: la formule normale, c’est une descente et un slalom. Point barre. Sauf que cette fois-ci, les coureurs avaient au menu une manche de super-G et une autre de slalom. Une voie toute tracée pour Alexis Pinturault, sorti grand vainqueur de ce combiné. Il était un favori tout désigné avec ce format.

Le Français était le seul sur la liste des participants à compter un podium en super-G et en slalom, à l’instar d’un certain Loïc Meillard. Le fils d’hôteliers de Courchevel peut compter sur le soutien de quelques personnes dans le comité d’organisation.

Alexis Pinturault victime de sa plus grande victoire?

Outre l’avantage de skier à la maison, Il est aussi intéressant de voir qu’aucun championnat du monde n’avait programmé un super-combiné comme épreuve inaugurale. Les éditions précédentes proposaient un super-G pour lancer les hostilités. D’autres personnes dans le cirque blanc pointent également un détail (qui coince): le président de la fédération de ski alpin (FIS), Johan Eliasch, propriétaire de la marque Head, semble avoir une relation particulière avec le désormais champion du monde de combiné. «Je n’ai jamais vu le président de la FIS faire une accolade à un coureur après une victoire», nous lâche un coureur.

L’épisode Kriechmayr

Il y a un conflit d’intérêt pour certains et les dents grincent. L’épisode Vincent Kriechmayr, skieur Head, est encore présent dans tous les esprits. Pour rappel, la saison dernière, de retour de quarantaine, l’Autrichien avait pu s’élancer sur le Lauberhorn sans aucune manche d’entraînement. Le règlement stipule qu’un coureur doit impérativement prendre part à un entraînement pour concourir. Dans ce but, le leader de la Wunderteam a poussé le portillon de départ et s’est arrêté quelques mètres plus bas. Le règlement n’impose pas un entraînement «complet», selon Markus Waldner. Tollé! Surtout, cette autorisation spéciale délivrée par les pontes de la FIS (donc le patron de Head) s’est soldée par une victoire éclatante de Kriechmayr.

La célébrité peut rendre les skieurs suisses paranos et grognons

Plusieurs athlètes avaient grogné et crié à la mascarade. Comment le président d’une fédération peut-il à la fois être le propriétaire de l’une des plus grosses écuries de la Coupe du monde. Même si Johan Eliasch se défend d’un quelconque conflit d’intérêt, martelant dans Blick qu’il «ne travaille plus dans l’entreprise et que mes collaborateurs peuvent le confirmer», il reste l’actionnaire majoritaire de la marque Head.

Les tours de passe-passe sont légion

Les conflits politiques font écho à ces tours de passe-passe qui, dans le ski alpin, sont légion – et c’est de bonne guerre. Jean-Pierre Vidal rappelait qu’avant les Championnats du monde de Schladming, «les Autrichiens pouvaient skier et s’entraîner sur une piste injectée d’eau, alors que les skieurs des autres nations se retrouvaient sur une piste molle».

Des passe-droits comme en 2017, lorsque Swiss-ski avait refusé aux Américains la possibilité de s’entraîner sur la piste des prochains Championnats du monde à Saint-Moritz. Un refus qui avait lancé une petite polémique entre les deux fédération. En guise de représailles, les Américains avaient refusé l’accès à leurs pistes d’entraînement aux Suisses juste avant les courses en Amérique du Nord. Une vraie tuile pour Swiss-Ski, sachant qu’il est très compliqué de sécuriser et privatiser des pistes pour la vitesse.

Chaque fédération y va de son petit favoritisme, de ses petits accords tacites, comme lorsque les géantistes suisses ont le privilège de pouvoir tester le haut du tracé de la piste d’Adelboden. Il est par ailleurs impossible pour n’importe quel skieur de dévaler le mur mythique de la Chuenisbärgli puisqu’une route doit rester accessible pour les paysans du coin.

Le gros avantage concurrentiel pour Swiss-ski est surtout d’avoir «ses» pistes d’entraînement sur les glaciers de Zermatt et Saas-Fee pendant la période estivale. Les Suisses sont prioritaires et les autres n’ont que des miettes.

Les Français, eux, pour les Championnats du monde de Courchevel/Méribel, et ce n’est pas un secret, ont pu s’entraîner sur les pistes de course avant tout le monde.

Les Suisses et les Français font parfois «équipe» aux entraînements. Les premiers profitent de skier sur la Face de Bellevarde juste avant le critérium de la première neige à Val d’Isère. En contrepartie, les seconds sont les bienvenus pour taquiner du piquet sur la Nationale de Crans-Montana, injectée et préparée aux petit oignons, entre les courses d’Adelboden et Wengen – et ce petit monde en profite aussi pour participer au slalom nocturne exhibition.

Tracer pour mieux régner

Tout est bon pour favoriser ses protégés, comme l’entraîneur appelé à tracer un parcours qui favorisera ses troupes. Exemple: le slalom olympique de Sotchi en 2014, tracé par Ante Kostelic, coutumier du fait, devait avantager effrontément son fils. Encore une fois, c’est de bonne guerre.

Des traceurs n’hésitent pas à piqueter «tournant» si le parcours est susceptible de se creuser et si leurs protégés prennent le départ dans les premiers dossards. Classique, bien sûr. Rien d’autre qu’un combat tactique et une ascendance psychologique.

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