Le désarroi d’un homme devant des immeubles effondrés.

Le bilan des tremblements de terre dépasse 2600 morts

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Après un premier séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi matin, un deuxième s’est produit au sud-est de la ville turque d’Ekinozu.

Plus  de 2600 personnes ont été tuées lundi dans le sud-est de la Turquie et en Syrie voisine par un puissant séisme de magnitude 7.8, suivi quelques heures plus tard par une très forte réplique de magnitude de 7.5, des secousses enregistrées jusqu’au Groenland.

Ce bilan, très provisoire, ne cesse de s’alourdir, un très grand nombre de personnes restant piégées sous les bâtiments effondrés qui se comptent par milliers. La pluie et la neige, tombée à certains endroits en abondance, et la baisse attendue des températures vont rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.

La première secousse est survenue à 4H17 locales (2H17 en Suisse), dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne.

Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 11H24 (heure en Suisse), toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d’Ekinozu.

Après le second séisme, Tulin, jeune femme d’une trentaine d’années vivant à Kayapinar, dans le district de Diyarbakir, raconte sa «peur» de rentrer chez elle.

«Je ne peux plus rentrer»

«Je l’ai vivement ressenti parce que je vis au dernier étage. Nous sommes sortis en panique. C’était presque le même que ce matin. J’ai tellement peur maintenant, je ne peux plus rentrer dans mon appartement, je ne sais pas ce qui va se passer maintenant», a-t-elle raconté à l’AFP.

Et les bilans ne cessent de grimper: dans le nord de la Syrie, au moins 592 personnes ont été tuées et plus d’un millier d’autres ont été blessées, selon des bilans provisoires communiqués par un média d’État et des secouristes en zone rebelle.

En Turquie, au moins 912 personnes ont été tuées et plus de 5385 blessées, dans sept différentes provinces, d’après les données communiquées par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a fait état de 2818 immeubles effondrés.

«Ma soeur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris», a raconté à l’AFP Muhittin Orakci qui attendait les opérations de secours devant un immeuble effondré à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie.

«Sa soeur est toujours sous les débris», a indiqué une femme en montrant une autre victime qui pleure à Diyarbakir.

Le bilan risque d’évoluer rapidement compte tenu du nombre d’immeubles effondrés dans les villes touchées, comme à Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment. À Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres.

Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17’000 personnes, dont un millier à Istanbul.

La Suisse envoie 80 secouristes

La Suisse exprime ses condoléances à la Turquie et à la Syrie, après le séisme qui a fait des centaines de morts lundi. La Confédération se dit prête à fournir une aide humanitaire d’urgence. Quatre-vingts secouristes vont partir lundi soir.

«Nos pensées vont aux populations de la Turquie et de la Syrie frappées par le tragique séisme. Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes et souhaitons un bon rétablissement à tous les blessés», a écrit le président de la Confédération Alain Berset sur Twitter.

Après ce «terrible séisme» ayant frappé la Turquie et la Syrie, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a également présenté à son homologue turc Mevlut Cavusoglu les sincères condoléances de la Suisse à son pays et à son peuple. La Suisse se tient au côté de la Turquie et offre une aide humanitaire, a-t-il déclaré sur Twitter.

Suite à l’appel à l’assistance internationale émis par les autorités turques, l’Aide humanitaire de la Confédération prépare en ce moment le déploiement de la Chaîne suisse de sauvetage à destination des zones sinistrées en Turquie, indique le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Keystone-ATS.

Environ 80 spécialistes devraient être déployés. La mobilisation est en cours et le départ est prévu pour le début de la soirée lundi. Parallèlement, la Direction du développement et de la coopération (DDC) étudie les possibilités d’aide pour la Syrie, via ses bureaux dans la région.

Le DFAE ne dispose actuellement d’aucune information concernant d’éventuelles victimes suisses, que ce soit en Syrie ou en Turquie, précise-t-il. Des clarifications à ce sujet sont en cours. Les représentations suisses à Ankara et à Istanbul sont en contact avec les autorités locales. Les ressortissants suisses sur place doivent se conformer aux instructions des autorités.

Le pape «profondément attristé»

Le pape François s’est déclaré lundi «profondément attristé» par le puissant séisme ayant frappé la Turquie et la Syrie et ayant fait plus de 1500 morts.

«Le pape François a été profondément attristé d’apprendre les énormes pertes en vies humaines causées par le séisme», écrit le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, numéro deux du vatican, dans un télégramme publié par le Vatican. Il adresse «ses condoléances de tout coeur» aux proches des victimes.

Biden «profondément attristé» 

Le président américain Joe Biden s’est dit lundi sur Twitter «profondément attristé par les pertes de vies humaines et la dévastation causées par le tremblement de terre en Turquie et en Syrie».

«J’ai demandé à mes équipes de continuer à suivre la situation de très près, en coordination avec la Turquie, et de fournir toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit», a-t-il également déclaré, alors que le bilan provisoire du tremblement de terre, dans les deux pays, dépasse désormais 1500 morts.

Poutine parle à Assad et Erdogan

Le président russe Vladimir Poutine a indiqué lundi envoyer des secouristes en Turquie et en Syrie à la suite d’un séisme ayant fait plus de 2300 morts, a annoncé le Kremlin après des entretiens avec les dirigeants des deux pays.

«Dans les prochaines heures, des secouristes du ministère russe des Situations d’urgence vont partir pour la Syrie», a indiqué la présidence russe après l’entretien entre Poutine et Bachar al-Assad. Recep Tayyip Erdogan a lui assuré, selon le Kremlin, qu’il ordonnait «aux organismes compétents de son pays d’accepter l’aide des secouristes russes».

L’Inde envoie des équipes de secours et médicales

L’Inde a annoncé lundi l’envoi immédiat d’équipes de sauvetage et des équipes médicales ainsi que du matériel de secours en Turquie, après le séisme qui a fait des centaines de mort.

«Il a été décidé que des équipes de recherche et de sauvetage de la NDRF (Force nationale d’intervention en cas de catastrophe) et des équipes médicales ainsi que du matériel de secours seraient envoyés immédiatement en coordination» avec la Turquie, a déclaré le ministère indien des Affaires étrangères.

Deux équipes de la NDRF comprenant 100 personnes, des chiens de sauvetage et du matériel sont prêts à rejoindre par avion la zone touchée, a ajouté le ministère dans le communiqué, tandis que des équipes de médecins, d’auxiliaires médicaux et des médicaments de première nécessité sont également prêts à y être expédiés.

Le premier ministre Narendra Modi a exprimé ses condoléances, se disant «anxieux» et «profondément peiné» par les pertes de vies humaines en Turquie – avec laquelle l’Inde entretient des relations froides – et en Syrie.

«Mes sincères condoléances aux familles des victimes. Nous partageons le chagrin du peuple syrien et restons engagés à fournir assistance et soutien en cette période difficile», a déclaré M. Modi sur Twitter.

Intempéries

Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.

«Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres», a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, selon des images diffusées sur la chaîne NTV.

Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.

Plus au sud, toujours selon NTV, la citadelle byzantine de Gaziantep, érigée au VIe siècle, s’est partiellement effondrée.

En Syrie, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont rués dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles. Au Liban voisin, les secousses ont été fortement ressenties.

Jusqu’au Groenland

Les secousses du puissant séisme ayant frappé le sud de la Turquie et la Syrie voisine ont été ressenties jusqu’au Groenland, a annoncé lundi l’institut géologique danois.

«Les importants tremblements de terre en Turquie ont clairement été enregistrés sur les sismographes du Danemark et du Groenland», a indiqué à l’AFP la séismologue Tine Larsen.

Exportations de pétrole suspendues

Le Kurdistan d’Irak a annoncé lundi suspendre par mesure de «sécurité» ses exportations pétrolières qui passent par la Turquie et représentent environ 450’000 barils par jour, après le séisme meurtrier qui a frappé ce pays voisin et infligé des dégâts considérables.

«En raison du tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie, et pour garantir la sécurité des exportations pétrolières et empêcher tout incident indésirable, ont été suspendues les exportations de pétrole via le pipeline reliant la région du Kurdistan à la Turquie», selon un communiqué du ministère des Ressources naturelles de cette région autonome située dans le nord de l’Irak.

Via un oléoduc connecté au port turc de Ceyhan, le Kurdistan autonome exporte environ 450’000 barils par jour (bpj) via la Turquie. Ce partenariat est considéré comme illégal par le gouvernement fédéral irakien qui exige que toutes les exportations du pays soient gérées par les autorités à Bagdad.

«Le gouvernement régional du Kurdistan confirme l’arrêt des exportations de pétrole via Ceyhan en raison du tremblement de terre» en Turquie, a tweeté Lawk Ghafuri, responsable des contacts avec les médias étrangers du Kurdistan irakien.

«Les exportations reprendront après une inspection minutieuse des pipelines», a-t-il ajouté.

Un séisme de magnitude 7,8 a frappé lundi le sud de la Turquie et la Syrie voisine, tuant plus de 1000 personnes dans les deux pays et provoquant de très importants dégâts, les secousses ayant été ressenties jusqu’en Égypte et en Irak. Il a été suivi d’un deuxième tremblement de terre de magnitude 7,5 quelques heures après.

Aide internationale

Le président turc, dont la réaction à ce drame sera très probablement suivie à la loupe avant l’élection du 14 mai qui s’annonce très serrée, a appelé à l’union nationale.

«Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible», a-t-il tweeté.

L’Union européenne, dont de nombreux États membres ont offert leur aide aux populations des régions dévastées, a commencé à envoyer des équipes de secours.

«Nous suivons, bouleversés, les nouvelles du séisme dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie. Le nombre de morts ne cesse d’augmenter. Nous pleurons avec les familles et tremblons pour les personnes ensevelies», a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz.

Les États-Unis, la Russie, Israël et l’Ukraine ont également offert leur aide, de même que la Grèce, dont les relations avec Ankara sont orageuses, qui a annoncé «porter une assistance immédiatement».

L’Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie, a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, et l’Inde a fait état d’envoi d’équipes de secours et médicales.

Israël propose son aide à la Turquie

Selon un communiqué publié par le Kremlin, M. Poutine a présenté au dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan ses «sincères condoléances» et a assuré que la Russie se tenait prête à «apporter l’aide nécessaire». Dans un autre communiqué, adressé à Bachar al-Assad, il a exprimé sa «tristesse» et proposé «toute l’assistance nécessaire» de Moscou après cette catastrophe.

Israël a annoncé lundi avoir offert son aide à Ankara à la suite du séisme meurtrier ayant frappé la Turquie et la Syrie.

«À la demande du gouvernement turc, j’ai ordonné à toutes les autorités de se préparer immédiatement à fournir une assistance médicale et des secours», a déclaré le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou dans un communiqué.

«Nous déciderons du départ d’une délégation dans les plus brefs délais», a-t-il ajouté. Un porte-parole du Ministère des affaires étrangères a laissé entendre à la presse que le départ de l’aide attendait encore le feu vert des autorités turques.

Israël et la Turquie, pays musulman, ont parachevé en janvier la reprise complète de leurs relations diplomatiques, après plusieurs années de crise.

Gazoducs

En Syrie, selon les chiffres du ministère de la Santé rapportés par l’agence de presse officielle Sana, 371 personnes ont été tuées et 1089 blessées dans les zones gouvernementales. Les Casques blancs, des secouristes qui se trouvent en zones rebelles, ont fait eux état de 221 morts et 419 blessés, ajoutant que ce bilan était provisoire.

En Turquie, les dégâts les plus importants ont été enregistrés près de l’épicentre du séisme de la nuit, entre Kahramanmaras et Gaziantep, où des patés de maison entiers étaient en ruine, sous la neige.

«Il n’est pas possible de dire combien de personnes sont mortes et blessées pour le moment, car il y a tellement de bâtiments détruits», a déclaré le gouverneur de Kahramanmaras, Omer Faruk Cosku.

Une mosquée datant du 13ème siècle a été partiellement détruite dans la province de Maltaya, où un bâtiment de 13 étages, avec 28 appartements, s’est effondré.

Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz a affirmé l’organisme public Botas. Le Kurdistan d’Irak a annoncé avoir suspendu «par sécurité» ses exportations de pétrole vers la Turquie.

Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, ont également été ressenties au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l’AFP, ainsi qu’au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n’a été signalée.

Selon l’institut géologique danois, les secousses ont été ressenties jusqu’au Groenland. La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde.

Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.

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