L’homme d’affaires Pierre de Gaulle, petit-fils du célèbre général, est «résident fiscal à Genève», selon divers médias français. Il a été membre du Club des Leaders, un cercle genevois de haut standing, a appris watson.
On hésite: qui tient le plus la vedette dans le dernier potin mondain franco-genevois? Genève ou son hôte, Pierre de Gaulle, descendant du célèbre général? On a là un nouvel épisode – on ne les compte plus – de la relation particulière qu’entretiennent les gestionnaires de fortunes français fuyant le fisc de leur pays avec Genève, la scandaleusement discrète.
Mais pourquoi parle-t-on de Pierre de Gaulle, quatrième petit-fils du «libérateur de la France», jusque-là inconnu au bataillon médiatique? Pour ses déclarations jugées prorusses dans le conflit ukrainien. Depuis quelque temps, c’est le malaise un peu partout, sauf à Moscou bien sûr.
Pierre de Gaulle, 59 ans, était présent le 2 février à Volgograd à l’occasion des 80 ans de la bataille de Stalingrad, seul Occidental d’un certain rang, du moins par son nom, présent ce jour-là aux côtés, ou presque, de Vladimir Poutine. «Pierre, petit-fils de de Gaulle, est aujourd’hui à Volgograd (réd: autrefois Stalingrad) pour honorer la mémoire des soldats soviétiques», saluait le compte Twitter de la représentation du ministère russe des Affaires étrangères à Rostov-sur-le-Don.👇
Poutine, «un grand leader pour son pays»
Avant cela, il y avait eu ces propos ouvrant le ballet russe de Pierre de Gaulle, tenus lors d’une allocution le 14 juin dernier à l’ambassade de Russie à Paris, le jour de la fête nationale: «La Russie était vue par mon grand-père comme l’allié de revers indispensable parce qu’elle participait à sa conception de l’équilibre de l’Europe», disait-il, pointant la «responsabilité des États-Unis dans le conflit actuel» et «le rôle funeste de l’Otan», décrivant au passage Poutine comme «un grand leader pour son pays», rappelle RTL sur son site.
Malaise dans la famille
La famille de Gaulle ne se reconnaît pas dans le point de vue du plus jeune des petits-fils du général. «L’analyse de mon frère Pierre n’engage personne d’autre que lui-même, c’est-à-dire ni moi, ni notre famille et encore moins le général de Gaulle», assure Yves de Gaulle, cité dans l’hebdomadaire Le Point.
«Chacun sait que le général de Gaulle était pour l’Europe des Nations, intransigeant sur la souveraineté et contre les dictatures», a réagi Hervé Gaymard, président de la Fondation Charles-de-Gaulle. Il en va de la mémoire du plus grand héros français du XXe siècle. Pierre de Gaulle, fût-il du même sang, ne doit en aucun cas l’entacher.
Et Genève, dans tout ça? La routine, est-on tenté de dire. C’est un éditorialiste du journal L’Opinion, Jean-Dominique Merchet, intervenant le 2 février sur BFMTV, qui a vendu la mèche: Pierre de Gaulle est «résident fiscal à Genève». «Pour quelqu’un qui se revendique autant de la France éternelle, c’est pas terrible», déplorait le journaliste, qui ne résistait pas à une «mauvaise blague»:
«Si le grand-père était un chêne, le petit-fils est un gland»
– Jean-Dominique Merchet –
Membre du gotha genevois
«”Conseiller en stratégie et en finances d’entreprises” installé à Genève», précise Le Point, «ce de Gaulle de petite taille» a intégré la haute, comme cela se fait quand on veut exister dans le gotha local. «Non, il n’est pas chez nous, répond à watson la présidente d’un cercle genevois. Je crois qu’il est membre du Club des leaders.» Il l’était. Contacté par e-mail, son président, Jean-Sébastien Robine, écrit:
«Mr Pierre de Gaulle n’est plus Membre du Club des Leaders depuis plusieurs années»
Les contacts auraient été rompus.
Créé en 2010, ce club se présente comme «un puissant réseau d’affaires et de networking de très haut niveau». Son adresse est à Gstaad. Ses membres, familles royales et roturiers de haut vol, des Savoie, des Firmenich, se réunissent dans des palaces, autour des meilleures tables, le Beau-Rivage à Genève faisant office de port d’attache.
Ils reçoivent des conférenciers. Dernièrement Darius Rochebin pour son livre sur Gorbatchev. Prochainement François Hollande. On intègre cette jet-set sur recommandation et moyennant cotisation qu’on dit élevée. Joint par téléphone, l’un de ces «Leaders» juge les déclarations de Pierre de Gaulle «assez outrancières».